La Pêche en cours d’eau

La pêche en cours d’eau : droits et règlementation

Les cours d’eau constituent un milieu de vie. Ils abritent une grande diversité d’espèces de poissons et d’invertébrés aquatiques. Tout comme les amphibiens, mollusques aquatiques et insectes, une multitude de poissons y grandissent, s’y déplacent et s’y reproduisent. Une réglementation est ainsi définie pour que les pratiques de pêche n’altèrent pas la qualité de leur habitat ni la préservation des espèces piscicoles. La pêche est une pratique encadrée notamment par le Code de l’Environnement et doit respecter certaines conditions.

1. Les poissons du bassin versant de la Bouzanne

Le bassin versant de la Bouzanne (529 km²) présente une grande diversité d’espèces piscicoles et plusieurs typologies ainsi réparties :

Carte du recouvrement des population piscicoles sur le bassin versant de la Bouzanne

Les espèces salmonicoles sont des espèces telles que :

  • Le Vairon
  • Le Goujon
  • Le Chabot
  • La Truite Fario

Les espèces cyprinicoles sont souvent représentées par :

  • Le Brochet
  • Le Gardon
  • La Tanche
  • Le Barbeau Fluviatile
  • La Perche Commune
  • La Carpe Commune

Cette répartition a pu évoluer depuis la production de cette donnée (1997), en particulier en raison du dérèglement climatique. Les périodes d’assec sont plus longues et plus fréquentes, les eaux sont plus chaudes à certaines périodes de l’année, réduisant ainsi l’aire de répartition de certaines espèces. Les espèces salmonicoles semblent les plus vulnérables à l’évolution du milieu et du climat. Vous pouvez retrouver la liste complète des espèces du département sur le site de la Fédération de pêche de l’Indre ICI

Quelle est la différence entre les cours d’eau de première et de deuxième catégorie piscicole ?

Les cours d’eau de première catégorie piscicole correspondent souvent à l’amont du bassin versant, on y retrouve des espèces majoritairement salmonicoles. Les cours d’eau de deuxième catégorie piscicole quant à eux correspondent à la partie aval du bassin versant, la majorité des espèces que l’on y retrouve sont des espèces cyprinicoles.

La carte ci-dessous renseigne sur la catégorie des cours d’eau du bassin versant :

Carte des catégories piscicoles des cours d’eau du bassin versant
Première catégorie en rouge – Deuxième catégorie en bleu
(source : Fédération pêche 36)

2. La pêche : un usage règlementé

La réglementation est définie nationalement, puis complétée par des arrêtés préfectoraux dans chaque département, elle peut donc varier localement d’un département à un autre. Dans l’Indre, l’exercice de la pêche en eau douce en 2023 est relatif à l’arrêté n°36-2022-12-15-00003 du 5 décembre 2022. Cet arrêté définit entre autres les périodes d’ouverture, les tailles minimales de prélèvement ainsi que les quotas pour chaque espèce.

Toutes les informations ci-dessous reprennent la réglementation de cet arrêté.

Quand pêcher ?

Dans les eaux classées en première catégorie :

  • La pêche aux lignes est ouverte du 11 mars 2023 au 17 septembre 2023 inclus (sauf pour la capture des grenouilles vertes et rousses qui n’est autorisée que du 10 juin au 17 septembre).
  • La pêche aux engins (nasses) est interdite toute l’année.

Dans les eaux classées en deuxième catégorie :

  • La pêche aux lignes est autorisée toute l’année sauf pour le brochet et le sandre pour lesquels elle est ouverte du 1 er au 29 janvier 2023 et du 29 avril au 31 décembre 2023.
  • La pêche aux engins est autorisée du 1 er avril au 31 août 2023 à l’exception de certains ruisseaux où elle est autorisée (Aubord seulement sur notre territoire).

Horaires : La pêche est autorisée 30 minutes avant le lever et 30 minutes après le coucher du soleil (hors parcours de pêche de la carpe de nuit). Retrouvez le tableau récapitulant les plages horaires autorisées sur le site de la Fédération de pêche de l’Indre ICI.

Ci-dessous 2 calendriers reprenant les dates d’ouverture pour chaque espèce dans chacune des deux catégories :

Calendrier des périodes d’ouverture pour chaque espèce en première catégorie
Calendrier des périodes d’ouverture pour chaque espèce en deuxième catégorie

* Autorisée sous certaines conditions, selon dispositions ministérielles annuelles

Quels poissons pêcher et quels poissons relâcher ?

  • Il existe un quota par pêcheur/pêcheuse et par jour.
  • Une espèce prise accidentellement lors de sa période de fermeture doit être immédiatement remise à l’eau en prenant soin de manipuler l’individu le moins possible.
  • Aussi certaines espèces nécessitent une taille minimale pour être prélevées.

Les tailles minimales de capture ainsi que les quotas sont présentés dans le tableau ci-dessous :

    Tableau des tailles minimales de prélèvement avec les quotas pour chaque espèce
 

*: sauf en 1ère catégorie où la capture de spécimen de plus petite taille est autorisée   

*: formulaire disponible ICI (source : arrêté départemental)

Attention  :  certaines espèces sont classées  « espèces invasives », il est alors interdit de les relâcher dans le milieu naturel. Les espèces invasives les plus courantes sont le poisson-chat, la perche soleil ou encore l’écrevisse de Louisiane. Leur transport à l’état vivant est sanctionnable.

Poisson chat
(source aquaportail)
Perche soleil
(source : aquaportail)
Écrevisse de Louisiane
(source : INPN)

Plus d’informations sur les espèces invasives ICI.

La carte de pêche et les associations de Pêche de l’Indre

Qu’elle soit annuelle, hebdomadaire ou journalière, la carte de pêche donne accès à toutes les eaux du département. Il faut cependant vérifier à l’avance que vous n’allez pas enfreindre le droit des propriétés privées avant de vous aventurer sur une parcelle. Il faut bien sûr respecter la durée de validité de votre carte de pêche.

N’oubliez pas de prendre votre carte de pêche (ICI).

Vous pouvez prendre contact avec l’association la plus proche de chez vous afin de vous renseigner sur les services et activités qu’elle peut proposer :

Il existe 3 Associations Agréées pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique dans le bassin versant :

  • L’AAPPMA d’ARTHON “Le Barbillon Arthonnais” :

Mairie d’Arthon, 7 place de la Mairie (36330 ARTHON)

Responsable : DESAIX Jean-Louis

Téléphone : 02.54.36.14.48

  • L’AAPPMA de LYS-SAINT-GEORGES “La Gaule du Lys” :

Mairie de Lys Saint Georges, 19 rue du Château (36230 LYS SAINT GEORGES)

Responsable : PILARD François

Téléphone : 0785786738

Mail : francoispilard@orange.fr

  • L’AAPPMA d’AIGURANDE “La Truite Aigurandaise” :

Mairie d’Aigurande, 1 place Promenade (36140 AIGURANDE)

Responsable : Benoît PRADEAU

Téléphone : 02.54.30.27.24

Mail : benpradeau1981@gmail.com

Il existe aussi une autre association non agréée sur le bassin versant : « LA CARPE VELLOISE ». Elle se localise sur la Bouzanne à VELLES : 11 rue des Anciens Combattants (36330 VELLES).

Quelles techniques de pêche sont autorisées ?

  • Le nombre de cannes…

Cela dépend de la catégorie piscicole du cours d’eau. En première catégorie, 1 seule ligne, une carafe à vairon, une vermée, 6 balances à écrevisses sont autorisées à l’exception du plan d’eau de Neuvy-Saint-Sépulchre où 2 lignes sont autorisées. Dans les cours d’eau de deuxième catégorie, jusqu’à 4 lignes munies au maximum de 2 hameçons ou de trois mouches artificielles, ainsi qu’une carafe à vairon, une vermée et 6 balances à écrevisses sont autorisées.  

Le pêcheur doit se situer en permanence à proximité de ses lignes.

Des dispositions particulières pour la pêche de la carpe …

Elles sont les suivantes :

  • Le transport des carpes vivantes de plus de 60 cm est interdit en tout temps et est donc sanctionnable.
  • Et pour les parcours où la pêche de nuit est autorisée par arrêté préfectoral :

 1- Seules les esches végétales sont autorisées la nuit.

2- Les carpes ne doivent pas être détenues ou transportées entre une demi-heure après le coucher du soleil et une demi-heure avant son lever.

  • Des dispositions particulières pour la pêche de carnassiers …

Il est possible de pêcher en deuxième catégorie même lors de la fermeture en cherchant la perche ou le silure ! Attention, cependant les modes de pêche sont limités : la pêche au vif, au poisson mort ou artificiel et aux leurres susceptibles de capturer des brochets est interdite.  Vous retrouverez sur le site de la Fédération de pêche de l’Indre (ICI) une fiche récapitulant ce qui est autorisé ou non lors de la fermeture.

  • La règlementation de la pêche aux engins

Dans certains cours d’eau, les pêcheurs peuvent utiliser 2 nasses anguillères ou 2 nasses ordinaires réglementaires durant la période du 1er avril au 31 août (une autorisation est à demander auprès de la DDT 36), les nasses devront être correctement identifiées et le carnet de capture devra être à jour. Le relevage des nasses s’effectue obligatoirement lors des heures où la pêche est autorisée. Ceci est valable en deuxième catégorie piscicole uniquement.

3. Comment concilier pêche et protection du milieu aquatique ?

Voici ci-dessous quelques conseils pour pêcher tout en respectant le milieu aquatique.

  • La pêche en no-kill

Cette pratique consiste à relâcher le poisson que l’on pêche qu’il respecte la taille minimale de capture ou non. Cette pêche vise des pratiques plus respectueuses et plus durables. La capture du poisson ne fait que l’objet d’un cliché photographique, le poisson regagne ensuite son milieu naturel. Le même poisson pourra alors à nouveau être pêché à l’avenir. Le No-Kill est encadré par quelques principes :

  • Le matériel : privilégiez les hameçons simples de préférence sans ardillon, le poisson se décrochera alors plus facilement ce qui limitera les éventuelles blessures. Il est également conseillé d’utiliser un matériel adapté au poissons ciblés, ce dernier absorbera au mieux les mouvements de résistance du poisson ce qui le préservera. L’emploi d’une épuisette facilitera grandement les manipulations du poisson, de même qu’un dégorgeoir facilitera dans certains cas le retrait de l’hameçon.
  • La manipulation : se mouiller les mains avant tout contact avec le poisson permettra de préserver son mucus, protection naturelle contre les parasites et la pollution. Dans la mesure du possible il faut limiter le contact du poisson avec le sol quelle que soit sa nature, conserver le poisson dans l’épuisette et le déposer consciencieusement sur le sol pour lui défaire l’hameçon est préférable. L’emploi d’un tapis de réception mouillé préalablement est également apprécié. Décrocher le poisson dans l’épuisette directement reste la meilleure solution. Lorsque vous tenez le poisson attention à ne pas endommager ses organes. Les parties les moins susceptibles de blesser l’individu sont la bouche pour les individus sans dents blessantes (perche, black-bass, silure), ainsi que le dessous de la tête et le dessous de la queue. Remettre le poisson à l’eau rapidement avant qu’il n’endommage ses voies respiratoires en raison de la trop forte concentration d’oxygène dans l’air. Pour ce faire, déposer le poisson dans l’eau délicatement en prenant soin de le réoxygéner la tête face au courant, en lui faisant faire des mouvements va-et-vient en le tenant par la queue si vous voyez que cela est nécessaire. Si le poisson a été pris dans les profondeurs, ce qui peut être le cas du sandre ou de la perche principalement, la remise à l’eau peut se faire la tête la première ce qui l’aidera à regagner sa position initiale.
  • Eviter la pêche lors des périodes d’assec

Lors des périodes de fortes chaleurs, les cours d’eau peuvent être en assec, ils sont alors caractérisés par des volumes d’eau très faible voire des ruptures d’écoulement. Les poissons se regroupent alors dans les zones plus profondes comme les fosses où il reste de l’eau et où la température est moins élevée. Dans ces conditions les poissons sont déjà très vulnérables, s’ils sont en plus amenés à être sorti de l’eau cela pourrait très certainement leur être fatal. Nous vous conseillons dans ce cas-là de privilégier des endroits ou le débit est constant et conséquent ou bien les grands étendues d’eau.

  • Respecter le milieu aquatique et ses abords

Il est important de garantir le respect et la préservation du milieu. Le pêcheur doit être vigilant à ne laisser aucune trace de son passage, pour cela :

  • Ne pas abandonner de déchets tels que des résidus de fils, des plombs, des emballages, … Il peut être apprécié de ramener les éventuels déchets déjà présents à votre arrivée.
  • Ne pas endommager la végétation présente sur les berges en limitant le piétinement et en prenant soin de ne pas amputer les arbres vivants d’une de leurs branches.
  • Ne pas couper ni détériorer les clôtures des éleveurs que vous pouvez rencontrer sur votre chemin.
  • Ne pas modifier l’écoulement de la rivière en la détournant de son lit ou en formant un barrage

De plus il faut éviter le piétinement dans le lit de la rivière lors des périodes de reproduction pour ne pas endommager les frayères ainsi que les œufs qui pourraient s’y trouver. Ces saisons et ces milieux sont l’essence même de la pêche, en effet, une mauvaise reproduction serait synonyme d’une baisse de la population piscicole ce qui induirait un appauvrissement du milieu. Des directives sont parfois même mises en place par les Fédérations pour interdire le piétinement lors de certaines périodes.

Vous pourrez retrouver ci-dessous un calendrier des saisons de fraie de certaines espèces :

Calendrier des périodes de fraie de certaines espèces piscicoles

Il faut être d’autant plus vigilant lors des périodes de fraie de la Truite, de l’Anguille et du Brochet  qui sont des espèces migratrices.

Calendrier des périodes de migration pour la truite fario, l’anguille et le brochet

NB : La continuité écologique garantit la libre circulation des sédiments le long du cours d’eau, de l’eau de la rivière, mais aussi celle des poissons que ce soit de l’amont vers l’aval (de la source vers l’exutoire) ou de l’aval vers l’amont (de l’exutoire vers la source). Pour le brochet on parle de migration latérale (débordement du cours d’eau en berge). La migration peut être entravée par la présence d’ouvrages tels que des barrages, gués, des seuils de lavoir ou de moulin. Cette continuité écologique est primordiale pour la reproduction de ces espèces et le maintien des peuplements, étant donné qu’elle leur permet de rejoindre leur lieu de fraie.  (Plus d’informations sur la gestion des ouvrages ICI.)

La préservation du milieu aquatique passe par le respect de la règlementation associée à chaque usage, dont celui de la pêche en rivière.